DES DOCUMENTS OFFICIELS SUR LA SANTE DE SONKO SE RETROUVENT SUR LA PLACE PUBLIQUE
L’Etat les aurait-il fait fuiter ? Cela pourrait être assez surprenant de voir l’Etat à travers d’abord l’Administration pénitentiaire et ensuite les services de l’Hôpital Principal décider de communiquer directement sur la santé du président de Pastef
Cela pourrait être assez surprenant de voir l’Etat à travers d’abord l’Administration pénitentiaire et ensuite les services de l’Hôpital Principal décider de communiquer directement sur la santé du président de Pastef Ousmane Sonko. Jusqu’ici toutes les informations sur la santé du célèbre opposant étaient données par ses avocats. Mais une fuite délibérée organisée par l’Etat fait qu’on retrouve deux courriers de l’Administration pénitentiaire et de l’Hôpital Principal sur l’état de santé du leader de Pastef sur la place publique. L’Etat cherche-t-il à gagner la bataille de l’opinion après avoir été largué sur ce terrain ?
La question mérite d’être posée. Et si la réponse était affirmative, cela voudrait dire que l’Etat est dans une logique de rattrapage au niveau de l’opinion où les nouvelles inquiétantes communiquées par l’avocat Me Ciré Clédor Ly sur l’état de santé de son client ont fini d’émouvoir. Jusque-là du 31 juillet, date d’arrestation du leader de Pastef, à nos jours, toutes les informations sur l’état de santé d’Ousmane Sonko étaient données par ses avocats. Les plus récentes ont été livrées par Me Ciré Clédor Ly qui a lancé une alerte sur la dégradation de la santé du président Ousmane Sonko qui serait plongé « dans un coma profond » suite à un malaise. « La situation d’Ousmane Sonko est alarmante et son état de santé s’aggrave de façon inquiétante. Il est entré dans un profond coma ce lundi 23 octobre 2023, ce qui a surpris même le Service hospitalier et conforte les inquiétudes que j’avais avancées après l’avoir visité la veille. Ce qui est arrivé hier matin prouve que l’irréversible peut à tout moment se produire puisque le Service de contrôle et de soins peut être pris au dépourvu à tout moment… » écrivait le mardi 24 octobre Me Ciré Clédor Ly dans un communiqué.
L’administration pénitentiaire confirme Me Ciré Clédor Ly
A la même date, c’est-à-dire le 24 octobre, le nouveau directeur de l’Administration pénitentiaire, le colonel de gendarmerie Abdoulaye Diagne, après avoir reçu un compte rendu du médecin-commandant, médecin chef de l’Administration pénitentiaire décide alors d’informer le ministre de la Justice, Me Aissata Tall Sall. Le document de compte-rendu « fuite » sur la place publique à travers les réseaux sociaux. « J’ai l’honneur de vous rendre compte de la situation médicale du détenu particulièrement signalé Ousmane Sonko, en service de Réanimation de l’Hôpital Principal de Dakar depuis le 17 août 2023. En effet depuis 48 h, le sus nommé présente une fièvre à 40 degrés avec frissons et vomissements, le tout accompagné de perte de connaissance ayant nécessité des soins de réanimation. La cause de la fièvre n’étant pas encore connue malgré un bilan biologique, une antibiothérapie probabiliste a été démarrée. Il est aussi à noter qu’en dehors des épisodes de perte de connaissance, Monsieur Ousmane Sonko tient des propos délirants et incohérents. Il exprime le souhait de retourner à la Maison de Correction de Sébikotane malgré son état de santé délicat qui nécessite, d’après le médecin chef de l’Administration pénitentiaire, son maintien dans un service de réanimation » écrit le colonel Abdoulaye Diagne à la nouvelle ministre de la Justice, l’avocate Me Aïssata Tall Sall.
L’hôpital Principal confirme le coma de Sonko
La nouveauté c’est que ce mercredi, pour la première fois, l’Hôpital Principal communique sur l’état de santé du leader de Pastef. Le Département d’Anesthésie-Réanimation Urgences-Hémodialyse transmet au médecin-commandant, Médecin-chef de l’Administration pénitentiaire un compte-rendu d’hospitalisation. « Mr Ousmane Sonko, 49 ans a été hospitalisé le 17 août 2023 pour : coma au décours d’une hypoglycémie profonde. Patient transféré en urgence le 17/08/2023 à partir du service de Téranga de l’hôpital Principal de Dakar pour un coma au décours d’une hypoglycémie profonde. Il aurait été en diète complète depuis le 29 juillet et interné à la maison d’arrêt et correction de Sébikotane avec plusieurs épisodes d’hypoglycémie dont l’une d’entre elle avait nécessité son transfert d’urgence au pavillon Teranga de l’hôpital Principal de Dakar le 06/08/2023. A l’arrivée au niveau de ce service, une hypoglycémie sévère à 0,56 g/l aurait été constatée avec des céphalées intenses avec une hypotension artérielle à 102/70 mmHg, une fréquence cardiaque à 84 batt/min. Il aurait reçu du sérum glucose…Le premier bilan réalisé au pavillon Teranga avait retrouvé une altération de la fonction rénale. Le patient aurait continué à présenter des épisodes d’hypoglycémies à répétition avec des céphalées et vertiges. Devant l’apparition d’un coma le 17/08/2023 à 1h30 du matin, son transfert en urgence en réanimation a été effectué » écrit le Département d’Anesthésie l-Réanimation-Urgences-Hémodialyse.
L’Etat dans la bataille de l’opinion
Visiblement, l’Etat a fait « fuiter » volontairement des informations sur l’état de santé du président Ousmane Sonko. La coïncidence est en tout castroublante de l’apparition simultanée sur les réseaux sociaux de la lettre du directeur de l’Administration pénitentiaire, le colonel Abdoulaye Diagne, au ministre de la Justice et celle des services de réanimation de l’hôpital Principal. L’Etat cherche surtout à faire dans le rattrapage informationnel pour renverser le retard qu’il a accusé sur ce registre. Car jusqu’ici, l’information sur la santé du président Sonko est uniquement livrée aux Sénégalais et à l’opinion internationale par les avocats du président de Pastef.
Le Témoin