Blocus au Mali: Et si Goïta avait raison… Ou faudrait-il convoquer le passé pour comprendre le présent et bâtir l’avenir?
(Par Aly Saleh)
« A l’école, je me souviens, on se disait: comment nos ancêtres ont pu être si bêtes pour accepter l’esclavage, ensuite nos parents, la colonisation? on se disait qu’à leur place, on se serait révolté pour les générations futures. Mais en réalité nous sommes aussi lâches qu’eux si nous AFRICAINS, nous ne nous réveillons pas pour mettre définitivement fin à ce manque de respect de la part de ces pays riches en biens et bien pauvres en valeurs ».
Entamer ma réflexion par ces mots du colonel Assimi GOÏTA me rend triste. Car ce qui arrive aux africains et afros de la diaspora et que nous soyons obligés de continuer de subir encore et encore fait mal au cœur. Ensuite l’armée française est accusée de violer l’espace aérien malien en continuant de la survoler?
En réponse, un document attestant des accords autorisant une pleine liberté de mouvement des forces françaises est fourni.
Non seulement on ne fait rien pour l’empêcher mais le plus malheureux est que nos dirigeants africains ont démontré à suffisance leur faiblesse face aux anciennes puissances coloniales comme si l’humiliation était très lourde à supporter.
Mais on dit, grandir ensemble c’est s’unir pour bâtir.
C’est écrit,
de quoi nourrir toutes les théories du complot, mais comment expliquer la réalité?
Car, à force de dénoncer ce qu’ils ont fait et continuent encore de faire, à force de victimiser l’oppressé, nous participons à l’enfantilisation des personnes et de leurs combats pour la dignité humaine.
Pour ne plus être ce que l’autre a voulu faire de nous, tout cela doit changer.
Ils ont diabolisé les cultures africaines, forcé les africains à abandonner leurs croyances et leur ont imposé les leurs qui n’ont servi qu’à hiberner le cerveau de l’homme noir.
La réalité est que l’Afrique a toujours été un gâteau que les occidentaux se sont partagé depuis la nuit des temps.
Ce qu’il y’a d’important à savoir c’est que nous vivons des temps où nous sommes en train de nous reconstruire.
Au regard des épisodes de l’histoire, nous sommes des êtres nouveaux. Nous sommes ce que nous n’aurions jamais été s’il n y avait pas les épisodes de l’esclavage et de la colonisation et puis tout ce néocolonialisme avec tout ce que l’on pourrait emprunter à l’autre et à nous-même.
Nous le savons tous, il est facile et aisé de dénoncer des situations avec des propos extrêmement violents et surtout de créer des émotions, nous savons tous le faire, c’est notre métier nous journalistes. Ce serait d’ailleurs une occasion d’avoir l’adhésion de gens plus radicaux avec des personnes qui voudraient que le rouge soit rouge foncé.
Ce qu’il faut comprendre c’est que le rouge peut parfois être rouge clair, un peu rose et parfois même changer de couleur, devenir un peu orange ou un peu jaune parce que c’est cela la diversité. Et nous vivons aujourd’hui dans un monde globalisé.
Nelson Mandéla disait: « Ce qui est fait pour nous, sans nous, est en réalité contre nous ». Soyons plus réactifs.
L’on ne doit pas s’interdire de dialoguer avec des hommes et des femmes qui souhaitent faire avancer les choses.
Mandela a négocié, avec Frédérick Declerc, l’homme qui incarnait le pouvoir en Afrique du Sud, le bourreau durant les années de l’apartheid, pour l’avenir de la Nation arc-en-ciel.
Dans un monde parfait et normal, Mandela n’aurait jamais à négocier avec un sud africain blanc dont les ancêtres sont venus voler les terres de ses ancêtres.
Jamais il n’aurait avoir à négocier avec celui qui incarnait l’oppression des noirs.
Mais il faut donner du temps au temps dans tous les combats que l’on méne. Celles et ceux qui entament des combats en se disant que l’aboutissement de ces combats sont là, pour moi, ne sont là que pour leur réussite.
Et on est plus dans l’égotrique que dans la volonté de réussir, je sais que je ne verrai pas les grandes victoires des combats que nous avons menés au quotidien à travers des écrits ou en participant à des manifestations.
Il ya quelques années, j’avais publié « Le berceau de l’humanité encore coincé entre le passé et le présent !
Une autre Afrique est possible… »
C’était lorsque le 25 mai avait été décrété Journée Mondiale de l’Afrique, par les dirigeants africains, pour les africains…
C’est pour cela que nous avons l’obligation de convoquer le passé pour comprendre le présent et bâtir l’avenir, mais nous ne devons jamais être prisonniers de l’histoire.
À l’international, certains ont une image d’Epinal de l’Afrique.
Ce qu’ils faudraient c’est que nous devrions nous préoccuper plus des victimes du présent que des victimes du passé.
l’Afrique n’est pas cela, la réalité est tout autre.
Même si beaucoup de choses ne vont pas en Afrique, détournement de deniers publics, corruption, mal gouvernance, éternisation au pouvoir, mépris des peuples, poltronisme, népotisme et tous les complexes du colonisé qui vont avec, le tableau est sombre mais l’évoquer est une façon d’être optimiste.
N’évoquer que ce qui marche, serait synonyme d’accepter l’arbuste qui cache l’immense forêt, poumon d’une humanité bafouée et humiliée par les puissants.
Pour convoquer l’histoire, le 15 Avril 1958, avaient été jetées les bases d’une journée de conscientisation et de motivation afin que d’autres pays se libèrent par eux-même. C’est la journée mondiale de la liberté. L’idée était d’affirmer la détermination des africains à se libérer de l’exploitation des puissances étrangères.
Bon nombre de chefs d’Etat n’étaient pas d’accord des dettes à contracter et voyaient les rackets dont leurs pays faisaient l’objet.
Mais que pouvaient-ils dire ou faire dans une Afrique francophone, lusophone, anglophone, hispanophone où la moindre opposition à la puissance anciennement colonialiste ou aux multinationales vous ferait passer de vie à trépas ou mieux destituer et exiler.
Je pense que l’on devrait exhorter les jeunes à ne plus juger les anciens qu’ils soient militants ou pas de ces réseaux sociaux puissants, nouveaux cafés du commerce, maquis où l’on refait le monde.
Chaque génération doit jouer sa partition et les nouvelles générations ne devraient plus insulter les anciennes générations. C’est une perte de temps et d’énergie, une posture inutile, car mon Afrique chère à David Diop, est encore coincée entre le passé et le présent qui en découlent.
Nous le savons tous, nos dirigeants sont incapables d’ouvrir des voies de perspectives pour les jeunes.
Si aujourdhui l’optimisme africain cotoie la haine et la colére, il nous faut rappeler un élément effectif que les classes dirigeantes africaines et les appétits des multinationales étrangères ont tué. Je parle de la compagnie aérienne Air Afrique. Cet extraordinaire projet industriel, véritable outil d’émancipation et de souveraineté né le 28 Mars 1969 a été un énorme gâchis, laissant des milliers de personnes sur le carreau le 27 Avril 2002 .
Air Afrique est le symbole d’une Afrique qui s’est mise d’accord pour ne jamais être d’accord.
Le personnel humilié puis abandonné.
Ce type d’épisode est une blessure dont les conséquences se mesurent encore aujourd’hui.
Mais une nouvelle générarion s’est levée, oui elle est parfois violente, sans filtre, impolie, a-t-elle le choix?
Lorsque Kémi Séba brûle le franc cfa son geste fait écho d’un un feu plus ardent encore qui consumera tout un monde, un ordre ancien, un ordre dont ceux qui réfléchissent à la question ne veulent plus.
CFA ou ECO ?
Changer de nom ou changer radicalement de monnaie ne sert à rien si on reste dans le système monétaire mondial créé et contrôlé par les occidentaux. Tant que nous serons toujours à la table de l’autre, nous manquerons de confiance en nous et surtout de capacité à nous unir pour bâtir et donc grandir ensemble.
Nous passons notre temps à faire la moitié du chemin.
Imaginez si l’Afrique sortait de toutes les instances internationales ( Nations Unies, FMI, Banque Mondiale, OMS, Tribunal International…) pour expliquer son asservissement politique, social, industriel et monétaire.
Quitter ces organisations internationales ne veut pas dire couper les ponts, au contraire, le commerce continuera mais autrement, respectueux des populations détentrices des matières premières, sans l’oppression des dispositifs de contrôle des grandes puissances. C’est peut-être sûrement un rêve mais il est réaliste.
Une autre Afrique est possible, encore faut-il l’avoir imaginé…et en être vraiment conscient.
Ce grandiose rassemblement des maliens en soutien à la junte contre les sanctions de la CEDEAO, comme vu dans les images en dit long sur le pays de Soundiata Keïta.
Les maliens ont tous répondu favorablement à l’appel à la manifestation de la junte au pouvoir dirigée par le Colonel Assimi Goïta. Le peuple a
montré son adhésion à la politique de la junte militaire au pouvoir depuis 2020.
Aussi, les maliens ont exprimé par là même occasion, leur désaveu des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA contre la junte au pouvoir qui a le mandat de la nation pour prolonger la transition pour 5 ans comme le stipulent les conclusions des assises nationales.
Tenez pour la route, au moment où Air Côte d’Ivoire, Air Sénégal et Air Burkina, en bons exécuteurs d’ordres de l’ancien colon, ont fermé leurs dessertes vers le Mali et voient leurs chiffres d’affaire en chute, Air France a renégocié la reprise de ses vols à destination de Bamako.
Possédés ou endormis, l’histoire jugera!
Aly Saleh journaliste/chroniqueur