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Amina Mohammed (ONU): «Il nous reste 8 ans pour tenir nos promesses sur les objectifs de développement durable»

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L’Assemblée générale de l’ONU aura lieu dès mardi 19 septembre à New York, l’occasion pour les Nations unies de braquer leurs projecteurs sur les objectifs de développement durable (ODD), ces 17 indicateurs qui doivent pousser les pays à faire des progrès en matière de développement d’ici 2030. Malgré des retards aux temps de passage, Amina Mohammed, la numéro 2 de l’ONU, a assuré que ces outils ne sont pas obsolètes, ils nécessitent un nouvel engagement politique.

Amina Mohammed : Pour nous, les 17 ODD sont essentiellement des investissements qui doivent être réalisés avec les populations, au sein des économies et dans le respect de l’environnement. Alors qu’est-ce que cela signifie ? Si vous regardez les six premiers objectifs, ce sont les investissements nécessaires et les droits fondamentaux en matière de santé, d’alimentation, de nutrition, d’eau et d’assainissement, les droits de genre, les droits des femmes et les droits des filles.

Tout cela peut être réalisé par les sept objectifs suivants, qui portent sur l’économie et comment nous pouvons investir pour rendre la sphère économique inclusive. En matière d’inégalités, si vous investissez dans les écoles, on ne le fait pas seulement pour les garçons, on le fait aussi pour les filles. Vous investissez dans le programme scolaire, vous vous assurez que ce programme s’adapte également aux compétences et aux capacités des filles.

L’égalité est donc vraiment cruciale. Mais il est également important pour la communauté internationale que ces objectifs soient mondiaux. Notre objectif, c’est que les ressources soient exploitées de manière plus équitable et qu’elles ne soient pas réservées à une seule partie du monde. Ce qui donne l’opportunité aux pays pauvres non pas de recevoir l’aumône, mais d’avoir accès aux ressources d’une façon tout aussi équitable. Pouvoir bénéficier des mêmes taux d’intérêt pour construire vos écoles, pour financer des industries. Ensuite, il y a les derniers objectifs qui portent réellement sur le climat, sur la gouvernance, les institutions, l’État de droit et les partenariats.

Vous dites que nous sommes en retard sur la réalisation de ces 17 indicateurs… Quel retard avons-nous accumulé, et que faut-il mettre en œuvre pour être de nouveau sur la bonne voie pour 2030 ?

On est en retard de sept ans ! Nous avons fait des promesses en 2015 et nous ne les avons pas tenues. 15% des objectifs remplis seulement, c’est un chiffre assez épouvantable. C’est donc très décevant. Il nous reste encore sept à huit ans pour y parvenir. Ce ne doit pas être qu’un engagement, ce doit être une volonté politique clairement affichée avec un leadership adéquat.

C’est de notre responsabilité de placer l’argent exactement là où sont nos engagements. Nous pourrons alors y arriver. Et nous avons déjà eu de nombreuses occasions de voir ce que cela signifie. En termes de ressource, cela signifie une meilleure gestion de celles-ci dans de nombreux pays. Cela signifie accorder plus d’importance à la manière dont nous extrayons les matières premières, à l’exclusion des communautés, à la question cruciale de savoir s’il s’agit de minéraux essentiels à la nouvelle ère numérique.

Mais cela signifie aussi que nos institutions financières doivent être réformées car elles ne fonctionnent plus en 2023. Elles doivent être adaptées. La Banque mondiale ou la banque multilatérale de développement et, bien sûr, nos gouvernements doivent se pencher sur une nouvelle gouvernance.

Il existe un certain mécontentement dans les pays en développement quant à la manière dont ils ont été traités par les puissances occidentales…

Je pense que ce que le Sud global attend, c’est une concrétisation des Objectifs de développement durable et des promesses qui ont été faites, qui incluent l’accord d’Addis-Abeba. C’est ce que disent les pays du Sud. Le déficit de confiance est dû au fait que les promesses de 100 milliards par an pour le climat ne se sont pas concrétisées. Ces promesses d’aide au développement, qui représentaient un pourcentage important du PIB, ne se sont pas concrétisées.

Et pour chacun de ces ODD, ces ressources n’ont pas été mises en œuvre. Du coup, si vous n’investissez pas dans le développement, si vous n’investissez pas dans la population, vous créez des pays instables, plus de conflits, plus de changements de gouvernement anticonstitutionnels. Parce que le problème n’est pas seulement se retrouver avec un gouvernement inadapté, incapable d’investir au profit de sa population. C’est en fait le contrat social qui est rompu. C’est pour cela qu’il y a de la frustration, qu’il y a de la colère. Et j’espère que nous pourrons résoudre ces problèmes parce que nous avons les solutions pour le monde d’aujourd’hui.

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